Pour ouvrir ce troisième numéro d’Ombilic, je vous soumets deux recommandations. La première est bien sûr de vous inviter à lire sans plus attendre les très intéressants travaux que nous proposent Bernard Seynhaeve et Sergio Caretto. Leurs textes, respectivement intitulés « Enfant (non) désiré » et « Dans la disruption : des traces de parlêtres », nous invitent à envisager le thème du prochain Congrès Pipol tant sous l’angle de la division subjective que de la disruption de jouissance.
Ma seconde recommandation, plus personnelle, s’inscrit dans le droit fil des questions ouvertes par les deux textes. Je vous invite à voir un film : « Ema » (2019) du réalisateur chilien Pablo Larraín avec Mariana Di Girólamo et Gabriel García Bernal.
Son intrigue débute dans l’après-coup d’une démission parentale. Ema et Gastòn se sont séparés de Polo, un garçon de 6 ans qu’ils avaient adopté un an plus tôt. Celui-ci est responsable de l’incendie dans lequel la sœur d’Ema a été grièvement blessée au visage. Et c’est suite à cet accident que Polo est renvoyé aux services d’adoption. Le film raconte comment, à la suite de cet abandon, Ema va retrouver la trace de Polo et tenter de le récupérer.
L’intérêt majeur du film réside selon moi dans le portrait pour le moins soufflant que Pablo Larraín dresse d’Ema, et notamment par l’approche stylée et directe qu’il adopte pour nous la montrer. En cela, sa mise en scène rejoint le style de la jeune femme. Ema est directe. Elle affirme « faire ce qu’elle veut » et de façon décidée. Ce qui ne la rend pas moins mystérieuse ! Qui est-elle ? Qu’est-ce qui la pousse si urgemment à vouloir un enfant ? Qu’est-ce qui, a contrario, l’a amenée aussi à s’en séparer ? Quel est ce feu qui l’anime si violemment ? N’y a-t-il donc rien qui l’arrête ? L’outrance de son désir est telle qu’elle fait voler en éclats les barrières morales, sociales et esthétiques de ceux qu’elle emmène dans sa quête (spectateurs compris), ce qui pourtant ne les empêche ni de l’aimer et ni de la suivre. Bien au contraire !
Avec ce nouveau numéro d’Ombilic, à l’instar du film « Ema », vous pourrez découvrir ce que « vouloir un enfant » peut comporter de disruptif et susciter de division. Je vous souhaite d’être à votre tour emporté. Bonnes lectures !
Bibliographie
Lacan J., « Journée des cartels de l’École freudienne de Paris, 10 juin 1970 », Lettre de l’école de la Cause freudienne, n°18, 1970.
Photographie : ©Film « Ema »